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Électrophysiologie cardiaque
Dans la CMH, l’intervalle QT peut être prolongé intrinsèquement par la maladie sous-jacente, en
association avec la stimulation ventriculaire, ou en association avec des médicaments susceptibles
d’allonger l’intervalle QT, couramment utilisés dans la population atteinte de CMH. Une analyse
exposition/réponse portant sur l’ensemble des études cliniques réalisées auprès de patients atteints de
CMH a mis en évidence un raccourcissement de l’intervalle QTcF avec le mavacamten dépendant de
la concentration. La variation moyenne corrigée par le placebo par rapport à l’inclusion chez les
patients atteints d’une CMHo était de -8,7 ms (limite supérieure et inférieure de l’IC à 90 % -6,7 ms et
-10,8 ms, respectivement) à la C
max
médiane à l’état d’équilibre de 452 ng/mL. Les patients qui
présentaient les intervalles QTcF initiaux les plus longs avaient tendance à enregistrer le plus grand
raccourcissement.
Conformément aux résultats non cliniques obtenus sur des cœurs normaux, une étude clinique menée
chez des sujets sains a révélé que l’exposition prolongée au mavacamten à des niveaux supérieurs aux
concentrations thérapeutiques et entraînant une dépression marquée de la fonction systolique, était
associée à un allongement de l’intervalle QTc (< 20 ms). Aucune modification aiguë de l’intervalle
QTc n’a été observée à des expositions comparables (ou supérieures) après des doses uniques. Les
résultats obtenus sur des cœurs normaux sont attribués à une réponse adaptative aux changements
mécaniques/fonctionnels cardiaques (dépression mécanique marquée du VG) se produisant en réponse
à l’inhibition de la myosine dans les cœurs ayant une physiologie et une contractilité normales du VG.
Efficacité et sécurité cliniques
Étude EXPLORER-HCM
L’efficacité du mavacamten a été évaluée dans une étude de phase III en double aveugle, randomisée,
contrôlée versus placebo, en groupes parallèles, multicentrique et internationale, réalisée auprès de
251 patients adultes atteints d’une CMHo de classe NYHA II et III et présentant une FEVG ≥ 55 %,
un gradient CCVG maximal ≥ 50 mmHg au repos ou avec provocation au moment du diagnostic de la
CMHo, et un gradient CCVG avec manœuvre de Valsalva ≥ 30 mmHg à la sélection. La majorité des
patients ont reçu le traitement de fond de la CMH, pour un total de 96 % pour le groupe mavacamten
(bêta-bloquants 76 %, inhibiteurs des canaux calciques 20 %) et de 87 % pour le groupe placebo (bêta-
bloquants 74 %, inhibiteurs des canaux calciques 13 %).
Les patients ont été randomisés selon un rapport 1:1 pour recevoir une dose initiale de mavacamten de
5 mg (123 patients) ou un placebo correspondant (128 patients) une fois par jour pendant 30 semaines.
La dose était ajustée régulièrement afin d’optimiser la réponse des patients (diminution du
gradient CCVG évalué avec manœuvre de Valsalva) et de maintenir la FEVG ≥ 50 % ; elle était
également guidée par les concentrations plasmatiques du mavacamten. Pour les posologies allant de
2,5 mg à 15 mg, un total de 60 patients ont reçu 5 mg et 40 patients ont reçu 10 mg. Pendant l’étude,
3 des 7 patients sous mavacamten ont enregistré une FEVG < 50 % avant la visite à la semaine 30 et
ont interrompu temporairement leur traitement ; 2 patients ont redémarré le traitement à la même dose
et 1 patient a vu sa dose réduite de 10 mg à 5 mg.
L’attribution des traitements était stratifiée par la classe NYHA (II ou III) initiale, traitement en cours
par des bêta-bloquants (oui ou non) et type d’ergomètre (tapis roulant ou bicyclette ergométrique)
utilisé pour l’évaluation de la consommation maximale d’oxygène (VO
2
max). Les patients sous
bithérapie de bêta-bloquants et d'inhibiteurs des canaux calciques ou disopyramide ou ranolazine,
étaient exclus. Les patients atteints d’un trouble infiltrant ou d’une maladie de surcharge provoquant
une hypertrophie cardiaque qui ressemblerait à la CMHo, comme la maladie de Fabry, l’amylose ou le
syndrome de Noonan avec hypertrophie du VG, étaient également exclus.
Les caractéristiques démographiques et pathologiques initiales étaient équilibrées entre le groupe
mavacamten et le groupe placebo. L’âge moyen était de 59 ans, 54 % (mavacamten) contre 65 %
(placebo) étaient de sexe masculin, l’indice de masse corporelle (IMC) moyen était de 30 kg/m
2
, la
fréquence cardiaque moyenne de 63 bpm, la pression artérielle moyenne de 128/76 mmHg, et 90 %
étaient d’origine caucasienne. À l’inclusion, environ 73 % des sujets randomisés étaient en classe
NYHA II et 27 % en classe NYHA III. Le gradient moyen avec manœuvre de Valsalva était de