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L’emtricitabine est phosphorylée par les enzymes cellulaires pour former l’emtricitabine
5’-triphosphate. L’emtricitabine 5’-triphosphate inhibe de façon compétitive la transcriptase inverse
du VIH-1, aboutissant à l’arrêt de l’élongation de la chaîne d’ADN. L’emtricitabine est un faible
inhibiteur des polymérases α, β et ε de l’ADN des mammifères et de la polymérase γ de l’ADN
mitochondrial.
Lors des études in vitro, l’emtricitabine n’a pas fait preuve de cytotoxicité vis-à-vis des cellules
mononucléées du sang périphérique (CMSP), des lignées cellulaires établies de lymphocytes et de
monocytes-macrophages ou des cellules souches de la moelle osseuse. Aucune manifestation de
toxicité mitochondriale n’a été observée in vitro ou in vivo.
Activité antivirale in vitro : la concentration inhibitrice 50% (CI
50
) de l’emtricitabine vis-à-vis
d’isolats expérimentaux et cliniques du VIH-1 a été comprise entre 0,0013 µmol/l et 0,5 µmol/l. Dans
les études ayant associé l’emtricitabine et des inhibiteurs de protéase (IP), des inhibiteurs
nucléosidiques, nucléotidiques et non nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH, des effets
additifs à synergiques ont été observés. La plupart de ces associations médicamenteuses n’ont
toutefois pas été étudiées chez l’être humain.
Vis-à-vis de souches expérimentales du VHB, la CI
50
de l’emtricitabine a été comprise entre
0,01 µmol/l et 0,04 µmol/l.
Résistance : une résistance du VIH-1 à l’emtricitabine se développe à la suite de modifications au
niveau du codon 184, qui se traduisent par la transformation de la méthionine en une valine (un
intermédiaire isoleucine a également été observé) de la transcriptase inverse du VIH. Cette mutation
du VIH-1 a été observée in vitro et chez des patients infectés par le VIH-1.
Les virus résistants à l’emtricitabine ont présenté une résistance croisée à la lamivudine, mais ont
conservé leur sensibilité aux autres inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI)
(zidovudine, stavudine, ténofovir, abacavir et didanosine), à tous les inhibiteurs non nucléosidiques de
la transcriptase inverse (INNTI) et à tous IP. Les virus résistants à la zidovudine, à la didanosine et aux
INNTI ont conservé leur sensibilité à l’emtricitabine (CI
50
= 0,002 à 0,08 µmol/l).
Efficacité et sécurité cliniques
L’emtricitabine administrée en association avec d’autres antirétroviraux, y compris des analogues
nucléosidiques, des analogues non nucléosidiques et des IP, s’est révélée efficace dans le traitement de
l’infection par le VIH chez des patients naïfs de traitement ou prétraités et ayant une charge virale
contrôlée. L’utilisation de l’emtricitabine chez des patients en échec de leur traitement en cours ou en
échec de plusieurs lignes de traitement antirétroviral n’a pas été évaluée.
Chez les adultes naïfs de traitement antirétroviral, l’emtricitabine s’est révélée significativement
supérieure à la stavudine lorsque les deux médicaments ont été administrés en association avec la
didanosine et l’éfavirenz pendant 48 semaines. L’analyse phénotypique n’a mis en évidence aucune
modification significative de la sensibilité à l’emtricitabine sauf en cas de développement de la
mutation M184V/I.
Chez les adultes prétraités, virologiquement contrôlés, l’emtricitabine, administrée en association avec
un INTI (stavudine ou zidovudine) et un IP ou un INNTI, s’est montrée non inférieure à la lamivudine
en terme de proportion de patients répondant au traitement (< 400 copie/mL) à 48 semaines (77%
emtricitabine, 82% lamivudine). Par ailleurs, dans une seconde étude randomisée, des adultes
prétraités et stables bénéficiant d’un protocole de traitement antirétroviral hautement actif (HAART)
comprenant un IP recevaient soit un traitement en une prise par jour contenant l’emtricitabine soit
poursuivaient le traitement initial (IP-HAART). A 48 semaines, le protocole de traitement contenant
l’emtricitabine a permis d’obtenir une proportion équivalente de patient avec un ARN-VIH
< 400 copies/mL (94% emtricitabine versus 92%) et une proportion plus élevée de patients avec un
ARN-VIH < 50 copies/mL (95% emtricitabine versus 87%) par comparaison avec les patients qui
continuaient leur HAART à base d’IP.